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Anti-thèse
9 janvier 2009

Chapitre4 : Premier bilan

Là où il y a une volonté il y a un chemin. Gaston Rebuffat

48 heures en Suisse, ça ne fait que 48 heures que je suis ici. Il est encore temps de renoncer, il est encore temps de faire demi-tour sans trop de dégâts. Je pourrais reprendre ma vie où je l'avais laissée il y a si peu de temps : ma famille, mon village, ma maison, mes loisirs, mes amis, Paris...

Qu'est-ce qui m'en empêche? Rien finalement! Mais alors pourquoi cette volonté? Oui j'ai quand même envie de me battre, mais pas trop pour ce que j'ai été engagé mais plutôt pour plus tard. J'aimerais réussir, mais pas réussir pour la gloire comme beaucoup le cachent ou pour le plaisir de bosser trois ans sur un sujet qui ne peut intéresser que des gens qui n'ont pas de grands centre d'intérêts dans la vie, comme beaucoup finalement. Non j'aimerais réussir pour juste avoir la reconnaissance de la part de la communauté scientifique. Juste le papier A4 avec marqué « doctorat », basta! De cette « reconnaissance » je n'en veux pas pour la gloire de l'avoir, ce genre de plaisir n'ont jamais eu trop de prises sur moi jusqu'à maintenant et c'est pas à 27 ans que ça va changer. Non ce que je voudrais faire avec l'opportunité que m'offre cette thèse c'est rentrer à nouveau dans la recherche mais avec l'espoir de la changer. Mon plan c'est en gros entrer dans le système pour le modifier. Car vraiment ça va mal, si mal que j'aurais préféré plutôt essayé de le changer de l'extérieur, mais voilà sans diplôme autre que deux masters en sciences de la terre je ne pourrais que passer pour quelqu'un d'aigri qui mets son échec personnel sur le dos du système. En rentrant à nouveau dedans et si oh... miracle je réussissais je n'aurais plus cet argument qui pourrait être utilisé contre moi. Mais bien sur il faut être un peu schizophrène pour vivre dans un système qu'on ne supporte pas au point de vouloir le changer. Enfin l'envie de le changer, ce système ne vient en fait du fait de que je ne le supporte pas! Cette envie vient que du peu que je connais de ce monde me permet de juger qu'il va mal. La science a connu pas mal de réussite finalement, mais voilà aujourd'hui on en est à bout à la fois pour les performances et les conditions de vie des chercheurs. Tout cela se ressent déjà dans la société. La science y recule de manière dramatique : Astrologie, retour du religieux alors qu'il régressait, médecines parallèles, pensée rationelle de moins en moins présente, crise de vocation... Triste tableaux. L'ensemble est en plus favorisé par le manque de moyens particulièrement en France où la recherche a souffert depuis 2003. Et même si en Suisse ou dans d'autres pays c'est moins vrai, là où l'université est moins pauvre elle est souvent plus injuste et les diplômes deviennent des marchandises qu'on achète cher. Donc où que l'on soit le système est brisé. En France c'est plutôt à cause de la misère, du manque de personnel qui est débordé,du conservatisme de certains (même si après Mai 68 une génération un peu plus moderne est rentrée dans les institutions) et où elle est plus riche comme en Suisse on sélectionne pas mal par l'argent et surtout le système est devenu incapable de former ses propres cadres de demain : peu de vocations, formation assez médiocre, et comme il y a de l'argent plus qu'ailleurs ils vont chercher ailleurs : 98% des thésards à Zurich sont non-suisses et il y a peu de chercheurs qui viennent de la confédération. C'est devenu à un tel point que seul l'anglais est parlé et que les cours se font aussi dans la langue de Sheakspear! Mais imaginons si on appliquait les mêmes recettes partout en se contentant de payer (assez cher d'ailleurs) les éléments formés ailleurs? Il finirait par n'y avoir plus « d'ailleurs » et là on serait vraiment arrivé à bout. Mais çà je ne veux pas l'imaginer la science doit s'en sortir et offrir à nouveau la voix de la connaissance, du rêve et du progrès de l'humanité sans casser ceux qui y vivent. La voix à trouver est celle des grandes découvertes, des grands esprits de la science d'hier mais adaptée à aujourd'hui où cette dernière est devenue collective. Mais si cette évolution est inéluctable il faut changer absolument ce qui va autour, notamment le fait que l'évaluation reste individuelle.

Une voix donc à trouver pour que ça bouge même si pour l'instant c'est sur les chemins scabreux et pavés de mauvaises intentions que j'essaye d'avancer et vous le vérez, c'est pas l'autoroute!

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