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Anti-thèse
11 février 2009

Montagnes Suisses

Week-end de ski avec la « boite »

Au milieu de cet océan de misère intellectuelle que constitue la thèse de doctorat il existe quelques îlots de plaisir. C'est le cas du week-end de ski annuel du groupe où l'on passe trois jours dans une station de ski suisse. Cette année c'est donc dans les Grisons que nous avons atterrit. C'est une région assez originale où l'on parle dans les vallées reculées, au milieu des langues allemandes, une langue originale romane nommée « Rheto-romanishe ». Enfin là n'est pas le plus intéressant l'aventure dans ce genre d'évènement réside plus dans les relations humaines avec le groupe que dans le folklore local. J'en tire deux conclusions. Mes collègues en privé sont plus sympa qu'ils n'en ont l'air, en tout cas quand ont discute avec eux entre quatre yeux. L'autre conclusion c'est que si je suis parfois étonné du panache avec lequel ils semblent traverser l'épreuve de la thèse on se rend compte que c'est avec quelques « artifices » qu'ils atteignent ce résultat. Car on constate que derrière ce vernis bien propre de l'ETH la vie de beaucoup des « étudiants-chercheurs » n'est pas très rose. Et ça, c'est particulièrement visible durant ces jours de vie collective et là en groupe mes compagnons de galère paraissent moins sympathique et on a peine à imaginer que ces derniers appartiennent à une quelconque elite intellectuelle dont ils se revendiquent. Il faut les voir en effet dans un bar à minuit en train de descendre des litres de bière avec des mélanges d'alcol fort : c'est pas du joli-joli. On peut en plus y rajouter le tabagisme : j'en arrive à la statistique terrifiante que 80% des jeunes chercheurs fument, ce qui est très au-dessus de la moyenne nationale suisse ou française. Le résultat de tout ça donne le spectacle assez triste de voir un monde assez brillant n'avoir ces soir là de brillant que les yeux baignés d'alcol. De plus l'amélioration de mon anglais permet maintenant de savoir ce qui déclenche les rires gras de mes compagnons : ce sont des plaisanteries épaisses, grasses, indigestes, absolument pas marrantes et qui donnent plutôt envie de pleurer, ou plutôt disons qu'il faut être proche du coma éthylique pour rigoler de truc pareil! Je pense que d'ailleurs le seul objectif de tout ça c'est de se « bourrer la gueule ». Quel raison de devoir se mettre dans un état tel que d'essayer d'oublier la vie minable de thésard ou de jeune chercheur? La vie sociale de la jeunesse estudiantine n'est que la conséquence de la vie qu'on lui fait mener et à laquelle il collabore et obéis souvent ou tout au moins se résigne. L'état de la santé psychologique de cette jeunesse n'est que le reflet de l'état lamentable du monde de la recherche. Il est une nouvelle preuve qu'il doit changer (ou plutôt changer de changement vu les réformes actuelles qui vont encore dégrader la situation). J'ai choisi de na pas me plier à ce monde, à rester ce que je suis, à ne pas devenir comme « eux », mais c'est au prix d'une grande souffrance psychologique mais que je trouve bien préférable à être dans leur état. Cela me conforte malgré-moi dans mon idée qu'il faut sortir la recherche de l'ornière bien que cela soit dure car une grande partie des victimes sont devenues « consentantes » de leur état un peu à la manière des otages qui sont victimes du syndrome de Stokholm. Car oui il est difficile de se dire qu'on est victime de quelque-chose, se se dire que ce qu'on vit n'est pas normale, cela revient à se se dire qu'on s'est fait rouler au jeu de l'existence et on n'aime pas admettre qu'on est perdant! Alors on se dit que c'est normal, que c'est comme çà (un peu comme on dit qu'il est normale qu'il y aie des pauvres et des riches, des esclaves et des maîtres etc.). Mais non tout cela n'est pas normal, ouvrons les yeux et rendons nous compte de la situation! N'ayons plus peur de nous regarder en face et de regarder la situation tel qu'elle est: grave mais pas désespérée à condition de ne pas noyer nos soucis dans l'alcol mais de noyer au contraire le système cruel qui conduit à la déshumanisation de la société.

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