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Anti-thèse

25 février 2009

Beau temps

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Partout où l'homme apporte son travail, il laisse aussi quelque chose de son coeur.

                                HENRIECK SIENKIEWICK

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Beau temps pour se retourner sur le passé.

Le soleil, le ciel bleu ont sur moi, comme la majorité des populations vivant dans des regions au climat versatile un effet dynamisant et met en général le baromètre du moral sur beau fixe. Donc pour une fois je dois dire que j'ai une reaction considérée comme normale par les gens qui m'entourent. Sauf que quand ce beau temps se produit quand je suis au bureau alors c'est plutôt le ciel qui me tombe sur la tête qu'une montée à son septième niveau. Et aujourd'hui je suis au bureau et il fait beau : une belle journée d'hiver mais où l'on peut déjà ressentir que les rayons du soleil réchauffent mieux l'atmosphère qu'il y un mois annonçant le printemps qui s'approche. Et ça, ça me déprime! Ca me ramène à ma question existentielle : Que fais-je là? Comment et pourquoi en essayant de vouloir faire ce que j'aimais je me suis échoué à Zurich? Je savais pourtant que la vie de thésard n'était pour moi guère plus attrayante que celle de rat de laboratoire mais que je pouvais facilement traverser cette épreuve si j'étais dans une situation morale adéquate : un sujet interessant et un environnement social de qualité. Tout me ramène à ces regrets et remords : On m'aurait donné ma chance là où je le voulais j'aurais traversé la thèse comme les autres années de ma scolarité avec une certaine insouciance et facilité et aurait sûrement donné un résultat comme la moyenne de ces années c'est à dire « assez bien ».

Mais voilà je n'ai eu la « chance » que de trouver à l'étranger et en plus sur un sujet très éloigné de mes passions.

Il est vrai que pour cette dernière raison j'avais fait le raisonnement suivant : La recherche étant durant les années de formation TOUJOURS ennuyeuses et cela quelques soit le sujet, même sur la chose que l'on aime le plus, qu'importait le sujet vu que tout cela serait ennuyeux. Ennui pour ennui pas la peine de se prendre la tête à avoir un sujet de rêve. En fait je dois avouer que cela est vraiment faux et que je me suis lourdement trompé car la thèse c'est plus qu'un travail ennuyeux. En effet des travaux ennuyeux et répétitifs j'en ai fait mais il ne me procuraient un tel état de depression car même si ces types de boulot sont pas vachement enrichissants ils procurent au moins la satisfaction d'avancer, d'accomplir un travail utile, concret. En thèse rien de ça, les efforts ne sont jamais récompensés par une quelconque satisfaction venant de soi ou d'autrui : le néant. Alors face à ce néant si même le fond du sujet ne vous procure aucune joie, que rien ne vous pousse à vous cultiver sur ce thème alors plus rien ne vous raccroche à ce que vous faites. Donc surtout si vous voulez faire une thèse, je confirme (pour une fois) qu'il faut avoir un sujet qu'on aime car quand le béton gris de l'ennuie coulera sur la place de votre si bel enthousiasme il ne vous restera plus que ça pour tenir car tout le reste se sera sûrement envolé dans l'imprévisible tempête qui risque de dévaster toute les plus nobles motivations que vous aviez au départ.

Donc éloigné de mes centres d'intérêts comme de mon pays puis-je quand même forcer le destin? Je le croyais et passé le desert de la thèse je me retrouverai à nouveau dans les jardins luxuriants de la connaissance, ceux que j'avais envi de cultiver depuis longtemps, ceux dont j'avais envi de cueillir les fruits depuis si longtemps. Mais le ciel bleu me ramène au fait que je ne fais comme seul labour que de tracer un sillon dans le sable d'un désert , sillon dont il ne restera rien une fois le vent levé. Non le ciel bleu au travail n'est que pour moi qu'un bleu où l'on se noie dans la plus profonde mélancolie, le bleu le plus sombre tel celui qui recouvre l'horizon du crépuscule. Ais-je commis des erreurs ou n'ai je pas eu de chance? Suis à ma place ou est-ce qu'en d'autres circonstances j'aurais trouvé d'autres voies pour ma vie? Est-ce que je ne récolte que le fruit de mes errements ou bien est-ce le destin qui m'est tombé dessus? Suis-je victime du système ou au contraire est-ce moi qui ai trompé les gens autour de moi? Ces questions resterons sûrement aujourd'hui comme les autres où les cieux sont plus ou moins gris sans réponses mais le ciel quand il est bleu me rappelle surtout que la vie pourrait être autrement, belle et joyeuse et que surtout qu'elle y a été il y a pas si longtemps que çà dans ma jeunesse à l'école de mon village, dans mes premières années d'études... Il me rappelle surtout que ma vie quand je suis ici est vide comme ce ciel sans nuage ni dieu...

Quoiqu'il arrive je sais maintenant que si mon expérience ici m'empêchera des remords mais les regrets sûrement pas! Une seule réponse semble vouloir faire surface au milieu de cet océan de questions qui noie toute motivation : La recherche en thèse n'est pas faite pour moi partout mais surtout à l'étranger loin de ses appuis et de ses réseaux sociaux rares et difficilement battis dans le passé mais qui me comblaient totalement. Oui cela est sûr et certain et l'on pourrait toujours extrapoler que c'est vrai pour toute la recherche. Mais de ce coté le doute persiste car une fois indépendant la recherche peut revêtir un nouvel aspect sûrement plus attrayant. Sans oublier que la bataille pour une nouvelle recherche humaine, efficace, juste et ouverte pourra s'engager pour gagner ensuite la bataille pour la science, la connaissance, la raison et contre les croyances et l'obscurantisme. Ces desseins me combleraient presque de joie rien qu'à les évoquer mais dehors le ciel est toujours si beau et bleu tandis que mon travail est toujours aussi moche et gris...

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11 février 2009

Montagnes Suisses

Week-end de ski avec la « boite »

Au milieu de cet océan de misère intellectuelle que constitue la thèse de doctorat il existe quelques îlots de plaisir. C'est le cas du week-end de ski annuel du groupe où l'on passe trois jours dans une station de ski suisse. Cette année c'est donc dans les Grisons que nous avons atterrit. C'est une région assez originale où l'on parle dans les vallées reculées, au milieu des langues allemandes, une langue originale romane nommée « Rheto-romanishe ». Enfin là n'est pas le plus intéressant l'aventure dans ce genre d'évènement réside plus dans les relations humaines avec le groupe que dans le folklore local. J'en tire deux conclusions. Mes collègues en privé sont plus sympa qu'ils n'en ont l'air, en tout cas quand ont discute avec eux entre quatre yeux. L'autre conclusion c'est que si je suis parfois étonné du panache avec lequel ils semblent traverser l'épreuve de la thèse on se rend compte que c'est avec quelques « artifices » qu'ils atteignent ce résultat. Car on constate que derrière ce vernis bien propre de l'ETH la vie de beaucoup des « étudiants-chercheurs » n'est pas très rose. Et ça, c'est particulièrement visible durant ces jours de vie collective et là en groupe mes compagnons de galère paraissent moins sympathique et on a peine à imaginer que ces derniers appartiennent à une quelconque elite intellectuelle dont ils se revendiquent. Il faut les voir en effet dans un bar à minuit en train de descendre des litres de bière avec des mélanges d'alcol fort : c'est pas du joli-joli. On peut en plus y rajouter le tabagisme : j'en arrive à la statistique terrifiante que 80% des jeunes chercheurs fument, ce qui est très au-dessus de la moyenne nationale suisse ou française. Le résultat de tout ça donne le spectacle assez triste de voir un monde assez brillant n'avoir ces soir là de brillant que les yeux baignés d'alcol. De plus l'amélioration de mon anglais permet maintenant de savoir ce qui déclenche les rires gras de mes compagnons : ce sont des plaisanteries épaisses, grasses, indigestes, absolument pas marrantes et qui donnent plutôt envie de pleurer, ou plutôt disons qu'il faut être proche du coma éthylique pour rigoler de truc pareil! Je pense que d'ailleurs le seul objectif de tout ça c'est de se « bourrer la gueule ». Quel raison de devoir se mettre dans un état tel que d'essayer d'oublier la vie minable de thésard ou de jeune chercheur? La vie sociale de la jeunesse estudiantine n'est que la conséquence de la vie qu'on lui fait mener et à laquelle il collabore et obéis souvent ou tout au moins se résigne. L'état de la santé psychologique de cette jeunesse n'est que le reflet de l'état lamentable du monde de la recherche. Il est une nouvelle preuve qu'il doit changer (ou plutôt changer de changement vu les réformes actuelles qui vont encore dégrader la situation). J'ai choisi de na pas me plier à ce monde, à rester ce que je suis, à ne pas devenir comme « eux », mais c'est au prix d'une grande souffrance psychologique mais que je trouve bien préférable à être dans leur état. Cela me conforte malgré-moi dans mon idée qu'il faut sortir la recherche de l'ornière bien que cela soit dure car une grande partie des victimes sont devenues « consentantes » de leur état un peu à la manière des otages qui sont victimes du syndrome de Stokholm. Car oui il est difficile de se dire qu'on est victime de quelque-chose, se se dire que ce qu'on vit n'est pas normale, cela revient à se se dire qu'on s'est fait rouler au jeu de l'existence et on n'aime pas admettre qu'on est perdant! Alors on se dit que c'est normal, que c'est comme çà (un peu comme on dit qu'il est normale qu'il y aie des pauvres et des riches, des esclaves et des maîtres etc.). Mais non tout cela n'est pas normal, ouvrons les yeux et rendons nous compte de la situation! N'ayons plus peur de nous regarder en face et de regarder la situation tel qu'elle est: grave mais pas désespérée à condition de ne pas noyer nos soucis dans l'alcol mais de noyer au contraire le système cruel qui conduit à la déshumanisation de la société.

5 février 2009

Fruits de la Passion

 

Passion absolue, Passion relative!

Dans les labos, vous rencontrerez sûrement que des gens passionnés, la vie n'y est pas toujours facile et pour y tenir il faut au moins ça! Mais il y a passion et Passion!

Je distinguerai deux types de passions: l'absolue et la relative que l'on peut classer par rapport aux types de personnalités suivantes :

-absence de passion et d'intérêts : Bon benh là c'est pas dur, c'est sûrement pas mal de monde, que tout fais chier, une beauf attitude, spectateur lambda de TF1 ou compagnie des gens qui tiennent les murs je m'étalerai pas!

-le contraire c'est la passion pour la vie et le découverte en général où pour reprendre Karl Marx où « Rien d'humain nous est étranger ». C'est le passionné absolu.

-le troisième point du triangle c'est le passionné relatif c'est à dire celui qui comme le premier ne s'intéresse à pas grand chose sauf à une chose qui lui comble toute sa vie.

Je pense que le bon chercheur, le bon scientifique penche quelque part entre les deux derniers types. Je suis moi-même très « déséquilibré » car je penche franchement en science comme dans le reste de mon existence dans « l'absolue ». Et ça c'est vraiment très mauvais pour soi car la vie devient vite un enfer, car c'est vrai on à tendance au lieu de faire une chose bien de faire plutôt plein de choses mais n'importe comment. Les résultats sont donc souvent mitigés, et la deception souvent là, car si parfois la méthode dilettante apporte de beaux succès, qui procurent en plus le plaisir d'avoir réussi avec facilité ce n'est pas tout le temps la même chanson et souvent on mord la poussière. Mais le pire c'est que l'on doit vivre et cohabiter sur le même territoire avec les « relatifs » qui prospèrent dans le milieu de la science comme les moisissures sur une boite de pétri! Et là ça devient dur-dur. Ils ont pas forcément des meilleurs résultats que vous (surtout ramener au temps passé dessus c'est vraiment pas productif en général) mais comme ils sont toujours, toujours là-dessus, tout le temps en train de harceler le monde ils passent pour les « meilleurs de chez meilleurs » tandis qu'avec notre coté « touche à tout » on a vraiment l'impression d'être des glandeurs! Bon c'est un peu vrai dans mon cas, mais quand même faut-il devenir mono-maniac pour entrer dans la recherche? La réponse tend vers le « OUI » surtout que l'université-entreprise sélectionne de plus en plus ce genre de profile qui apparaît plus rentable dans la course à l'efficacité. Mais bon ça fini par faire un monde de la recherche très monolithique et même pas forcément efficace, car comme je vous le dirai plus loin le résultat des politiques « libérales »(j'aime pas utiliser ce mot car il est mal approprié en fait étant moi-même « libérale » au sens premier mais j'entends ici l'ensemble des politiques récentes qui poussent à la loi de la jungle et détruisent les hommes) risque bien, comme pour l'économie d'amener aussi à une crise du savoir et de la science, et on peut déjà dire que la science est plutôt en « croissance mole » dans notre société même si des choses avances malgré tout...

Bon je vous laisse je vais retourner à mon travail... (très)relativement intéressant!

24 janvier 2009

Trepanos

Le travail, c'est le refuge des gens qui n'ont rien de mieux à faire.
[Oscar Wilde]

Nous devons prendre conscience que le travail ne constitue plus, désormais, l'essentiel d'une vie.

Non vous révez pas, mais j'ai bien mis une citation de l'ex-president president de notre bon vieux pays. Pour une fois qu'il disait pas une connerie, et même quelque-chose de bien, tout au moins dis comme çà! Car je ne doute pas que remis dans son discours, dans son contexte ça devait être moins bien!!

Le principal c'est que cette phrase est très juste comme ça précédente d'Oscar Wilde! Car mes cher collègues de travail devraient en prendre de la graine...

C'est en tout cas ce que j'essayerai de démontrer dans mon prochain post "Passion relative et passion absolue" qui explique je pense, une grande partie des travers de la vie de labo et qui finie par mener  à une médiocrité de haut niveau mais qui reste même à haut niveau une médiocrité quand même!

[Jacques Chirac]

21 janvier 2009

Chapitre5 : Week-end diabolique

Le week-end fut un des plus désagréables que j'aie connu. J'étais très pertubé par ma nouvelle situation.J'avais l'impression de n'avoir aucune issue, de n'avoir aucun salut. Dans un cas je devais me remettre d'un nouvel echec et il faudrait que je trouve un moyen d'expliquer qu'il y a un mois j'avais envi de faire une thèse et qu'après trois jours je n'avais plus envi. Dans l'autre je devais subire la vie insupportable qui m'attendait à Zurich. Qu'une alternative pareil un jour m'échoua, quel sera l'objet de mon choix? J'ai laissé une partie de mes affaires à Zurich-Triemli donc une seul alternative : reprendre le train! Ca peut tenir à pas grand chose une thèse : un T-shirt et deux paires de chaussettes laissées dans une chambre. Cette fois-ci c'est le train de nuit que je prends, départ:22h45, arrivée:6h le lundi matin. C'est l'horreur, le train est blindé, et je me suis mis dans les wagons qui s'arrêtent à Bale, je devrais donc changer. Bref je ne dors pas durant tout ce trajet si inconfortable, vivement le tgv en juin(on verra que ce sera pas forcément une affaire)! Arrivé à Zurich, c'est comme un zombi que je prends le tramway14 qui m'emmène jusqu'à ma chambre. Il fait déjà jour et le soleil rempli la pièce. Je m'allonge et la fatigue couplée à la lumière du levant me font plonger dans un état à la limite du coma. Je ne sais plus alors si je dors ou si je suis éveillé, si je pense ou si je rêve, sûrement un peu tout à la fois. C'est la première fois que je me sens dans un tel état à la fois agréable et déstabilisant, fantastique et bouleversant. Une fois mes esprits retrouvés j'arrive à mon bureau et j'entame une deuxième semaine.

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11 janvier 2009

Vendredi : premier retour en France On arrive

 

Vendredi : premier retour en France

On arrive donc à la fin de semaine. En ce vendredi matin déjà de très bonne heure le soleil frappe à la fenêtre et sur les rideaux sales. Il est six heures et malgré tout l'ambiance est agréable presque légère. Je me lève vite et finalement comme en France le soleil du matin m'invite à sortir, à profiter du dehors. Au lieu de prendre comme les deux derniers jours le bus pour le campus je prends le tramway pour « Bellevue », sur les rives du lac de Zurich. Oh surprise! Arrivé à destination la vue loin de s'arrêter à la banlieue de la ville s'étendait jusqu'au Alpes qui dans l'atmosphère transparante du matin semblaient à porté de main bien qu'à plus de cinquante kilomètres, d'où ma surprise. Ce fut un peu ma première agréable impression depuis que j'étais arrivé ici, mais elle était assez extraordinaire malgré tout. Moi qui aime tant les montagnes, les savoir si proches me rassurait comme une présence familière dans un endroit où je ne connaissais personne ni d'Eve ni d'Adam. Je trouvais l'énergie vers 8 heures 30 arrivées de rentrer dans le centre ville et la fameuse er très cher« Bahnhofstasse ». Il y a plein de banques et ça tombe bien car je dois ouvrir mon compte en suisse afin non pas d'échapper à l'ISF comme certains de mes compatriotes fortunés mais tout simplement pour que puisse être versé ma petite rémunération de thésard suisse. Comme me l'a conseillé un autre français en thèse depuis deux ans ici je vais à UBS (Union des Banques Suisses) où il y a des comptes avantageux pour les étudiants. Même pour un pauvre étudiant français avec son équivalent « SMIC  suisse », on me sort le grand jeux, petit chocolats et jus d'orange et surtout un personnel qui sort son plus beau français et ses brochures elles aussi imprimées dans ma langue natale. Donc même à l'étranger j'avais quand même le soulagement contrairement à ma première expérience chez les grands cousins germains qu'ici la vie était quand même plus facile. Donc finalement pas si mauvaise matinée que ça : Zurich est dans un beau paysage de montagne, le pays est accueillant, mon superviseur semble sympa même au second abord et surtout ce soir je rentre en à Paris. J'avais en effet déjà prévu le retour pour le week-end deux mois plus tôt avec un billet de première car nouvelle grille tarifaire(débile d'ailleurs) Sncf oblige on peut avoir des billets 1er moins chers qu'en 2nd! Bon grace à tout çà je retrouve tout de même l'énergie de continuer... au moins une semaine!

Le retour en première se passe bien au milieu de la clientèle d'affaire qui vaque à ses occupations habituelles avec souvent cet petit air arrogant de ceux qui ont l'impression d'avoir réussi quelque-chose dans leur vie. On se demande d'ailleurs quoi ils ont reussi car difficile de voir le motif d'être fier à courir la France ou l'Europe sans rien y voir, affublé d'un costume crétin(presque autant que l' air qu'ils se prennent) et inconfortable et à faire un boulot de merde, inintéressant et inutile. Bon c'est vrai peut-être le fric qu'ils gagnent mais c'est même pas sûr que ce soit vrai car même les payes de cadre d'aujourd'hui surtout ramené au prix de l'heure ça ne vole pas forcément si haut que ça!

Arrivé à Paris il se passe quelque-chose qui se ne c'était pas produit depuis plus d'un mois : il pleut! Un orage s'abattait ce 4 mai, après ce mois d'avril où la pluviométrie avait été nulle, le changement s'abattait sur le ciel et non seulement sur ma vie, mais lui, tout au moins dans nos contrées était spécialisé dans la versatilité alors que moi j'étais au contraire, jusqu'à là en tout cas , d'une stabilité à toute épreuve comme l'anticyclone du désert du Namib ou de l'Atacama. Tout cela me semble bien loin, la météo de ma vie va rentrer dans un « zone de turbulences », turbulences dans lesquels je m'étais jeté il y a plus d'un an poussé par des sentiments d'une intensité extrême, ressorti immédiatement, et dans lesquels je me retrouve à nouveau. Alors regagnez vos sièges et attachez vos ceintures, ça va secouer!

9 janvier 2009

Chapitre4 : Premier bilan

Là où il y a une volonté il y a un chemin. Gaston Rebuffat

48 heures en Suisse, ça ne fait que 48 heures que je suis ici. Il est encore temps de renoncer, il est encore temps de faire demi-tour sans trop de dégâts. Je pourrais reprendre ma vie où je l'avais laissée il y a si peu de temps : ma famille, mon village, ma maison, mes loisirs, mes amis, Paris...

Qu'est-ce qui m'en empêche? Rien finalement! Mais alors pourquoi cette volonté? Oui j'ai quand même envie de me battre, mais pas trop pour ce que j'ai été engagé mais plutôt pour plus tard. J'aimerais réussir, mais pas réussir pour la gloire comme beaucoup le cachent ou pour le plaisir de bosser trois ans sur un sujet qui ne peut intéresser que des gens qui n'ont pas de grands centre d'intérêts dans la vie, comme beaucoup finalement. Non j'aimerais réussir pour juste avoir la reconnaissance de la part de la communauté scientifique. Juste le papier A4 avec marqué « doctorat », basta! De cette « reconnaissance » je n'en veux pas pour la gloire de l'avoir, ce genre de plaisir n'ont jamais eu trop de prises sur moi jusqu'à maintenant et c'est pas à 27 ans que ça va changer. Non ce que je voudrais faire avec l'opportunité que m'offre cette thèse c'est rentrer à nouveau dans la recherche mais avec l'espoir de la changer. Mon plan c'est en gros entrer dans le système pour le modifier. Car vraiment ça va mal, si mal que j'aurais préféré plutôt essayé de le changer de l'extérieur, mais voilà sans diplôme autre que deux masters en sciences de la terre je ne pourrais que passer pour quelqu'un d'aigri qui mets son échec personnel sur le dos du système. En rentrant à nouveau dedans et si oh... miracle je réussissais je n'aurais plus cet argument qui pourrait être utilisé contre moi. Mais bien sur il faut être un peu schizophrène pour vivre dans un système qu'on ne supporte pas au point de vouloir le changer. Enfin l'envie de le changer, ce système ne vient en fait du fait de que je ne le supporte pas! Cette envie vient que du peu que je connais de ce monde me permet de juger qu'il va mal. La science a connu pas mal de réussite finalement, mais voilà aujourd'hui on en est à bout à la fois pour les performances et les conditions de vie des chercheurs. Tout cela se ressent déjà dans la société. La science y recule de manière dramatique : Astrologie, retour du religieux alors qu'il régressait, médecines parallèles, pensée rationelle de moins en moins présente, crise de vocation... Triste tableaux. L'ensemble est en plus favorisé par le manque de moyens particulièrement en France où la recherche a souffert depuis 2003. Et même si en Suisse ou dans d'autres pays c'est moins vrai, là où l'université est moins pauvre elle est souvent plus injuste et les diplômes deviennent des marchandises qu'on achète cher. Donc où que l'on soit le système est brisé. En France c'est plutôt à cause de la misère, du manque de personnel qui est débordé,du conservatisme de certains (même si après Mai 68 une génération un peu plus moderne est rentrée dans les institutions) et où elle est plus riche comme en Suisse on sélectionne pas mal par l'argent et surtout le système est devenu incapable de former ses propres cadres de demain : peu de vocations, formation assez médiocre, et comme il y a de l'argent plus qu'ailleurs ils vont chercher ailleurs : 98% des thésards à Zurich sont non-suisses et il y a peu de chercheurs qui viennent de la confédération. C'est devenu à un tel point que seul l'anglais est parlé et que les cours se font aussi dans la langue de Sheakspear! Mais imaginons si on appliquait les mêmes recettes partout en se contentant de payer (assez cher d'ailleurs) les éléments formés ailleurs? Il finirait par n'y avoir plus « d'ailleurs » et là on serait vraiment arrivé à bout. Mais çà je ne veux pas l'imaginer la science doit s'en sortir et offrir à nouveau la voix de la connaissance, du rêve et du progrès de l'humanité sans casser ceux qui y vivent. La voix à trouver est celle des grandes découvertes, des grands esprits de la science d'hier mais adaptée à aujourd'hui où cette dernière est devenue collective. Mais si cette évolution est inéluctable il faut changer absolument ce qui va autour, notamment le fait que l'évaluation reste individuelle.

Une voix donc à trouver pour que ça bouge même si pour l'instant c'est sur les chemins scabreux et pavés de mauvaises intentions que j'essaye d'avancer et vous le vérez, c'est pas l'autoroute!

4 janvier 2009

Chapitre 3 : Déception

Après avoir rencontré mon superviseur, fait le tour du labo et des secrétariats, rempli les papiers, rencontré plein de monde que j'oublie aussitôt, je m'installe à mon bureau. Enfin mon bureau est un bien grand mots car sacrifiant à la mode venue du privé je suis dans un grand 'office' style 'open space' où on est sept. Tous des thésards comme moi. En face de moi une brésilienne : Katia et une suissesse alémanique: Yolanda, derrière moi un étudiant russe, un italien : Manuele, une russe : Ksonia et un Hollandais que j'ai longtemps pris pour un allemand : Hein. Bon pas de francophone avec qui parler de mon désespoir dans cette joyeuse tour de Babel!

Je suis loin de ce que j'espérais je dois dire. Tout au moins de ce que j'espérais il y a longtemps quand je voulais devenir scientifique. Pour moi la science c'était la découverte, l'exploration, une certaine aventure. Là c'était un pauvre bureau avec un PC dessus! Moi ce qui me faisais rêver c'était plutôt Galilé ou Gordiano Bruno qui se bâtent pour faire reculer l'obscurantisme, Wegener qui parcourt le monde à la recherche d'argument pour soutenir sa théorie de la dérive des continents, Darwin à bord du Beagle qui aux Galapagos fondera sa théorie de l'évolution des espèces qui est peut-être la découverte majeure de l'humanité. Ah Darwin! Ça c'est de la Science! Ça c'est du combat! Pour moi c'est l'un des découvreurs des plus important en terme scientifique et social : ses observations détruisent définitivement le créationisme, un des supports fondamentaux de la religion, et en même temps montre que la stratégie évolutive de l'homme et son succès viennent du développement de l'altruisme entre ses individus repoussant la sélection naturelle en dehors du groupe! D'ailleurs quel abomination que le 'darwinisme social' qui est au darwinisme ce que le stalinisme est au communisme, la scientologie à la science et l'astrologie à la logique. Prétendant justifier la société actuelle, faite d'exploitation, de rapine, de vol de la part d'une minorité privilégiée sur l'ensemble de la planète et n'hésitant pas à créer guerres, génocides, famines, catastrophes écologiques pour conserver ses richesses et son pouvoir; les darwiniens sociaux sont l'antinomie du darwinisme qui explicitement dit le contraire!

Enfin j'en suis pas à défendre quoique ce soit pour l'instant j'ai une pauvre thèse à faire avant pour faire mes preuves! Et ça c'est pas marrant comme vous allez le voir...

30 décembre 2008

Chapitre 2 : Arrivé!

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Le travail c'est bien une maladie puisqu'il y a une médecine du travail.

Coluche

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Si je ne sais pas trop encore pourquoi et comment je suis arrivé là, une chose est sûre c'est que ce 2 mai 2007 je suis bel et bien arrivé en gare de Zurich. Le TGV français y rentre avec une ponctualité toute suisse... L'aventure commence vraiment, cela a au moins l'avantage de faire oublier ses états d'âme même si comme aventure on peut trouver plus palpitant que de courir à travers la plus grande agglomération helvétique. De plus l'aventure est toute relative, contrairement à ce qui m'était arrivé lors d'une précédente tentative en Allemagne où la devise était ''aide toi et le ciel t'aidera'', là tout était fait pour bien accueillir les nouvelles recrues. Ça fait toujours plaisir! Tout était prévu dans les moindres détails : réservation du logement, modalités pour retirer les clefs, même le chemin d'accès depuis la gare, et celui de l'appart au campus nommé ''HongerbergHongerbergHongerbergHongerberg''. Tout se passe pour le mieux dans le meilleur des pays possible, pris dans l'action j'en oublie mon chagrin d'être parti et fonce dans le tas. Je prend la ligne 14 du tramway comme indiqué sur le mail imprimé, va jusqu'au Terminus appelé "Triemli" et comme un joli plan était fourni avec, je n'ai jusqu'à me laisser guider jusqu'au guichet de la maternité de l'hôpital où l'on doit me remettre les clefs du château. Arrivé au guichet j'essaye de sortir mon plus bel allemand ('' Guten Tag, ich komme für...), en fait la secrétaire parle un très bon anglais et je suis impressionné car moi qui suis censé bosser dans la recherche, je ne parle peut-être pas aussi bien anglais que cette charmante dame! Clefs en main je pars donc vers l'annexe où est censé se trouver mon lieu provisoire d'hébergement.

En arrivant c'est un peu la douche froide. Car si jusqu'à là dans Zurich tout était beau et propre, bref la Suisse comme on l'imagine, pour ma  chambre c'est loin d'être le cas et ça ressemble plutôt à ce qu'on s'imagine d'une chambre Crous française bien que je n'aille pas connu la "joie" de vivre en résidence universitaire dans mon pays natale. Mais bon là ça choque un peu, même propre la moquette marron du sol semble plus sale que les trottoirs de la ville qui il est vrai sont impects. Autre problème qui m'arrive à l'esprit: Où est la salle de bain? Je vois bien là dans l'entrée un monument historique de lavabo mais de douche point. Je mets un certain temps à me rendre compte de la terrible évidence : les sanitaires sont communs! Je suis très contrarié par la chose, je m'imaginais quand même le truc mieux! Je fini par me ressaisir de la situation, je me dis que déjà j'ai un hébergement certes pas terrible mais quand même existant pour ce soir. C'est déjà pas si mal. Je  prends donc, comme indiqué dans le couriel de la charmante secrétaire du labo, le bus 80 et arrive une demi-heure plus tard au campus HonggerbergHonggerberg. Situé sur une hauteur de la ville au milieu des bois et de quelques prés où paissent les vaches et les moutons le campus HonggerbergHonggerberg est quand à lui toujours aussi impressionnant : le site est un ensemble de buildings ultramodernes qui font penser plus à un siège de multinationale qu'à une université. Enfin ma vision est altérée j'ai fait mes études à Jussieu est l'image que j'ai des campus est celle de bâtiments moches et vétustes! Et oui j'apprends qu'un campus peut être autre chose qu'un bâtiment lépreux et dangereux. La première fois que j'étais venu trois mois plus tôt pour mon "interview" le site m'avait fait penser au site dit "le Centre" où Jarod, le génial héros du "Caméléon" avait passé son enfance et où travaillait sa terrible mais passionnante poursuivante : Miss Parker. Je descends du bus et traverse "le Centre" pour arriver à la tour où se situe le labo pour lequel je dois travailler. Je vais rentrer maintenant dans l'antre de la science. Déjà les sentiments sur la recherche sont  contradictoires: c'est beau, ça en jette même, Zurich et la Suisse c'est mignon, c'est vert tout ce que j'aime mais est-ce vraiment çà que je recherchais, ce dont je rêvais? Trop tôt pour répondre mais mes premières impressions me disent déjà que non!

22 décembre 2008

Comment suis-je arrivé là (suite)

Je suis arrivé à Zurich capitale économique de la Suisse, plus célèbre pour moi par ses banques que par ses universités, le 2 mai 2007 par le TGV Lyria 9281. Au moins ça c'est une certitude qu'on ne peut pas remettre en cause! C'est toujours bon d'avoir quelques certitudes quand sa vie depuis près de deux ans n'est qu'incertitude!

Quel drôle de voyage ce fut!

Je voyais le paysage s'éloigner à 300 km/h sous une ciel bleu digne ce ceux qui accompagnaient mes rentrées des classes quand j'allais encore à l'école et au collège de mon village. Sauf qu'on était en mai et non septembre! Et en ce début de printemps, le plus beau printemps dont je me souvienne, mon esprit était plutôt prêt à partir en vacance qu'à aller travailler. Surtout que je savais d'ors et déjà que cette rentrée n'étais pas comme les autres et que ce n'était pas une cour de récréation qui m'attendais. Ni même un amphi du haut duquel on pouvait contempler nos chers professeurs en train de se ébattre, avec plus ou moins de talent, à nous expliquer leur connaissances. Non je savais où que j'allais c'était le cruel monde de la recherche et que ce que j'en avais vécu au cours de mes études n'avait pas été qu'une partie de plaisir : engueulades, petites et grandes humiliations, impression d'abandon total, stress... Mais bon j'avais survécu à tout ça avec une bonne dose de "je m'en foutisme". Par contre j'étais moins sûr sur ce coup là que mes qualités à relativiser les choses allaient suffire. Certes mon superviseur avait l'air sympa et français, l'ambiance pas trop mal, mais bon j'étais quand même à 500km de chez moi, dans un pays étranger même si ce n'étais que la Suisse, mais tout de même en Suisse alémanique et jusqu'à là je n'avais jamais eu une attirance particulière pour la langue de Goeth.

Je file donc à grande vitesse vers mon destin à la fois tragique et comique.

Enfin le train sort de la voie rapide et fini par ralentir pour s'engager sur la voie classique qui se dirige vers le Jura. Le ciel commence à s'assombrir par la présence d'un voile nuageux épais qui remontait du sud. Ce changement de rythme me fait remonter mon angoisse. Cette fois  ça y est je suis bel et bien parti. Je m'accroche à ce que je peux comme les paysages jurassiens si familiers de mon enfance ou bien les noms qui bordent la voie de chemin de fer : Frasnes, Pontarlier puis passé la frontière, Valorbe. Cette fois ci le cap est franchi je suis en "confédération Helvétique". Je commence à voir tout ce que j'ai à faire quand j'arriverai à Zurich : Aller chercher les clefs d'où je dois vivre, trouver l'appart, aller à l'école polytechnique, faire les démarches administratives. Tout cela a un avantage c'est que focaliser sur tout ce bazar ça permet d'oublier ses angoisses métaphysiques et l'on redevient très primitif à ne vivre qu'avec son instinct de survie.

Passé Neuchatel et Berne c'est vers 13h30 que je rentre en gare de Zurich HB. Cette fois ci je suis dans l'arène! L'aventure dérisoire de ma thèse va commencer...

Alors pourquoi me retrouver là? Peut-être un début de réponse la prochaine fois.

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